Albert Marquet (1875-1947),"Quai des Grands-Augustins, neige", c. 1938, huile sur toile, signée, 65,2x81,5 cm
Avis d'inclusion au catalogue raisonné digital en préparation par le Wildenstein Plattner Institute, 23.05.12/21286, du 06 juillet 2023
Provenance: Galerie Moos, Genève (avril 1942, comme "Paris, neige"); Collection privée, Chambésy, (acquis à la Galerie Moos), 17 décembre 1942, puis restée dans la famille jusqu'à ce jour
Exposition: Gedächtnis-Ausstellung Albert Marquet 1875-1947, Kunsthaus, Zürich, 27 juin au 15 août 1948, no. 124 (ill. comme "Quai des Grands-Augustins et Seine", datée 1930. Prêt d'une collection privée genevoise)
Bibliographie : Natalya Lenyashina, Альбер Марке, Leningrad, 1975, p. 208, no. 506 (comme "Quai des Grands-Augustins et Seine")
Au verso: étiquette de la Galerie Georges Moos, Genève, no. 129
Très bon état général de conservation
La toile ne possède pas d’accident ou de dommage majeur
Bonne tension et bonne planéité de la toile sur son châssis après un très léger manque de tension dans l'angle inférieur gauche
Sous lumière UV ou en lumière naturelle, nous ne décelons aucune trace de restauration
Léger encrassement général, laissés de mouches
Albert Marquet (1875-1947)
« Voici Paris et ses ponts s'affranchissant de la lumière du fleuve ; voici le Paris des arbres abritant les libraires ; voici les quartiers populaires avec leurs clôtures couvertes d'affiches multicolores et leurs maisons délabrées... A proximité, installé sur le quai Saint- Michel, Marquet représente les quartiers autour de Notre-Dame. Il les drape du soleil du printemps ou les baigne dans la triste atmosphère d'une journée d'hiver, quand la neige dégouline sur les quais et qu'un brouillard léger et humide plane sur toute la ville. » F. Daulte
Marquet commence à peindre les ponts et les quais de Paris dès 1900 et revient fréquemment sur cette source d'inspiration inépuisable qui deviendra un sujet emblématique pour l'artiste. Il utilise des points de vue en hauteur offrant une perspective novatrice, souvent peints depuis son propre appartement choisi pour la vue qu’il offre, passant de longues heures à peindre depuis sa fenêtre. A l’instar de Monet et de ses fameuses études atmosphériques de la même vue, Marquet choisit ce magnifique point de vue de Paris sur la Seine au-dessus du quai des Grands-Augustins comme sujet, et le représente à plusieurs reprises en différentes saisons. Cette oeuvre s'inscrit dans l'une de ses plus célèbres séries.
Contrairement aux impressionnistes dont le travail consistait à la juxta- position de petites touches fraction- nées, Marquet utilise des touches fortes, non modulées et crée un langage pictural inédit, privilégiant le trait. Il équilibre sa composition par une rangée d'arbres bordant le quai à la manière des illustrateurs et des estampes japonaises. Sa palette est discrète comme l’homme qu’il était, composée de couleurs sourdes ponctuées de touches de noir. Il nous transporte dans un environnement, une saison, une époque avec un langage minimaliste saisissant l’instant. Ses œuvres, intemporelles, sont toujours d’une étonnante modernité presque 100 ans plus tard, ce qui en fait aujourd’hui l’un des artistes les plus célèbres du XXe s., exposé dans tous les plus grands musées du monde.