Chu Teh-Chun (1920-2014), Composition, hiver, huile sur toile, signée et datée (19)87, contresignée et datée 2 décembre 1987 au verso, 73x92 cm
Provenance: acquis à Paris en 1987 directement de l'artiste à Paris en 1987 par les actuels propriétaires (collection privée, Suisse)
«L’art abstrait, loin d’être séparé de la nature, lui est
plus intimement lié que ne le fut jamais l’art dans le passé » disait
Wassily Kandinsky.
Chu Teh-Chun, formé à la peinture et à la calligraphie chinoise,fut désigné comme un « peintre de la dynastie des Song au XXe siècle »après la série de ses « Paysagesfrançais » de 1960 où de profondes réminiscences chinoises pouvaientêtre ressenties. Cependant, cette désignation ne saurait suffire pour décrirele style de l’artiste qui n’a pas encore trouvé sa pleine expression poétique.
Entre les années 1960 - 1970, Chu Teh-Chun se détache de l’influence– certes modeste - de Kandinsky et pousse la création d’un monde particulier qu’ilfait naître sur ses peintures. Son enseignement par la copie des grands maîtresn’a probablement pas manqué d’ancrer en lui – et dans ses toiles- les grandsprincipes de la peinture dictés par Xie He (420-479) : Le Souffle ou la « vie »autonome de l’œuvre, en mouvement et en rythme, la relation entre objet, idéeet forme, la correspondance des couleurs, l’importance de la composition et,bien sûr, le travail du trait.
En effet, la création d’une peinture de Chu comptait deuxtemps. L’un, « la première couche », comme il l’appelait, peut êtrevu comme la vibration de l’idée, le fameux « souffle » posée sur latoile en quelques heures. Venait ensuite « le métier » comme lequalifiait modestement l’artiste, soit le travail du geste et des couleurs.
Ainsi la représentation de la nature selon l’abstraction deChu Teh-Chun est « une peinture très sentimentale », comme il le diralui-même, à la fois peinture et poésie, une abstraction lyrique, et nonsynthétique. La passion pour la poésie Tang et Song ne quittera jamais Chu, etimprègne toute son œuvre. Cette littérature, éminemment sensible, nous paraîtpresque devenir une légende des « Pays Chu » comme Michel Ragonqualifiait les paysages abstraits de Chu Teh-Chun. Ainsi, un poème de FanZhongyan (989-1052), trouve un écho saisissant dans notre tableau :
"Là-haut des nuages d'émeraudes
Et sur le sol des feuilles jaunes
Sur les reliefs ondoyants aux teintes d'automne
Se répandent des froides brumes aux reflets glauques.
Le soleil décline au-dessus des collines
dont les vagues se mêlent au ciel.
Inexorable l'herbe au parfum douceâtre
s'étend jusqu'au-delà des hautes montagnes."
"A l'abri durideau du Sud", Fan Zhongyan (dynastie Song)
Chu Teh-Chun
Provenance: acquis directement