Charles François Prosper Guérin (1875-1939), L'artiste, 1904, huile sur toile, signée, 38x45,5 cm
Etiquette: Galerie Druet, Paris, no. 1735
Provenance : André Gide (acheté en février 1905 pour Fr.400.-), puis collection Catherine Gide
Élève de Gustave
Moreau, proche des milieux impressionnistes, puis néo-impressionistes, Charles Guérin devient professeur à l’Académie de la Grande Chaumière. Il faisait partie d’un
groupe d’amis comme Charles-Louis Philippe, Jules Iehl, Charles Chanvin, qui se
retrouvaient à la Closerie des Lilas, et que Gide et son ami Ghéon rejoignaient
volontiers. En novembre 1899, la revue L’Ermitage,
qu’anime André Gide, publie en hors-texte « la jeune fille au grand
chapeau ».
Le 15janvier 1901, Gide note : « Chez Guérin. Difficulté extrême deconversation ; mais je suis extrêmement intéressé par sa peinture. »et sans doute à la suite de cette visite, il lui achète deux « Naturemorte ». En 1902 Gide achète « Almaïded’Ellébeuse », Guérin étant visiblement attiré par l’œuvre de FrancisJammes (auteur de deux récits, Clara d’Ellébeuse et Almaïde d’Etremont). En octobre 1904, Gide transmet à Jammes cetterequête :
« Charles Guérin (le peintre)pour qui ma sympathie et mon estime croissent depuis que je le connais, me faitpart de son très vif désir d’illustrer tes trois petits romans, réunis en unseul volume. Il me demande ce que je pense du projet, et comme j’en pense leplus grand bien, j’ai eu plaisir à le lui dire. […] Depuis longtemps déjàj’imaginais Clara, Almaïde interprétées par Guérin qui les aime et les comprendde naissance ; s’il n’y était venu de lui-même, je crois bien que j’auraispris sur moi de l’y pousser. » Mais le projet n’aura pas de suite, parmanque d’éditeur.
Gide achète encore deux toiles, « Les deux femmes au chien »en 1903 (lot 4098) et « Femme en rose » en 1904 (lot 4096). Puis le tableau de ce lot (« L'artiste ») que Guérin avait initialement intitulé Le Portrait et une « Naturemorte » de 1901, représentant une « flûte en bois » (lot 4095).
Le 7 octobre 1907, Gide écrit : « Bravo mon cher Guérin.
Traversant Paris avant-hier pour le mariage de Jammes, j’ai vu, j’ai
admiré votre femme nue. Je vous aurais
écrit dans quelques jours, une fois redevenu citadin, pour vous demander un
rendez-vous. Mais votre exposition m’a
fait tant de plaisir que je n’attends pas plus longtemps pour vous le dire. Vous êtes bien celui que je croyais, et je
suis bien affectueusement vôtre, A.G. » (cette « Femme nue au
chapeau » est au musée de L’Ermitage.)
Une restauration de déchirure d'env. 3 cm visible au verso