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CHF 100 000-150 000.-
CHF 170 000.-
Boîte-tabatière en or, diamants et émail rouge guilloché par Fabergé, orfèvre Mikhail Perkhin, le couvercle orné du monogramme du Tsar Nicolas II serti et entouré de diamants, flanqué des griffons des Romanov en or ajouré révélant un fond en émail guilloché rouge, les boucliers des griffons centrés d'un diamant, les frises à guirlandes de feuilles d'eau, poinçon d'orfèvre, titre 56, Saint-Petersbourg, le poinçon Fabergé en cyrillique sous la base, 6,4x10,6x2,8 cm, 293g brut

Provenance :

- Offerte par le Tsar Nicolas II au Lieutenant-General Théodor Feldmann, directeur du Lycée Impérial, 3 décembre 1897.

- Rendue aux Archives Impériales par le Lieutenant-General Feldmann, 16 décembre 1897.

- Offerte par le Tsar Nicholas II au Baron Maximilian von Lyncker, maréchal de cour sous l’Empereur allemand Guillaume II, 15 novembre 1899

- Découverte en Suisse dans le coffre-fort privé de François Dupré à sa mort en 1966, puis par descendance jusqu’à ce jour




UN CADEAU IMPERIAL RUSSE AUX MULTIPLES DESTINATAIRES …

Sous le règne du Tsar Nicolas II, le Garde-meubles impérial acquiert cette spectaculaire boîte auprès de Karl Fabergé dans le but d’en faire un cadeau selon l’usage et la tradition russe. Dans la mesure où il s’agit d’un objet fourni à la Cour pour l’utilisation personnelle du Tsar, il n’est pas étonnant de voir que la boîte ne porte pas de numéro d’inventaire du célèbre joaillier. (Fabergé gravait des numéros d’inventaire principalement pour identifier, sur ses factures, les pièces vendues au magasin). En revanche, elle est méticuleusement répertoriée et numérotée dans les registres des archives du Garde-meubles comprenant aussi les informations sur le récipiendaire que le Tsar avait souhaité honorer.

Suite aux dernières recherches effectuées par Dr. Ulla Tillander-Godenhielm (1) dans les archives, il apparaît clairement qu’entre 1896 et 1903, date marquant la fin du mandat de Michael Perchin (1860-1903) aux ateliers Fabergé, seules deux boîtes comme celle-ci, portant le monogramme de Nicolas II sont enregistrées avec de l'émail rouge.

Le 25 avril 1897, cette boîte avec diamants "Au-delà du prestige de se voir remettre un tel présent, il était d’usage que son propriétaire puisse bénéficier d’un enrichissement considérable en retournant le présent sans pour autant contrevenir au protocole ni offenser le Tsar. Le lieutenant-général Feldmann rapporte la boîte dans son intégralité 13 jours plus tard afin d’obtenir une somme d’argent en échange. Elle est alors à nouveau inscrite dans les registres du Garde-meubles impérial sous le numéro 66 et avec la description "Le 15 novembre 1899, cette tabatière Fabergé est offerte par le Tsar au baron Maximilian Freiherr von Lyncker (1845-1923), maréchal de cour de sang noble sous l'empereur Guillaume II. Cet homme, dépeint dans les récits littéraires comme un personnage plutôt toxique et puissant, aurait exercé une certaine influence sur l'empereur allemand. À la suite de la rencontre du 8 novembre 1899 entre Guillaume II et Nicolas II à Potsdam, où Lyncker est présent, le Tsar envoie des cadeaux pour consolider les décisions prises visant à faciliter les relations entre les deux empires. Comme à l’accoutumée, le maréchal de cour est également honoré pour sa position et son rôle dans la procédure. Notre boîte quitte la Russie pour l’Allemagne et rejoint les collections de la famille von Lyncker.   

La boîte Fabergé disparaît alors des registres pendant la première partie du XXe siècle avant d’être redécouverte en Suisse dans le coffre-fort de François Louis Jules Dupré (1888-1966) après sa mort en 1966. Petit-fils du peintre de l'Ecole de Barbizon Jules Dupré, François Dupré est un homme d'affaires prospère à Paris, il acquiert notamment l’hôtel Georges V en 1931, il collectionne les œuvres d'art et élève des chevaux de course. En 1930 il acquiert l’Haras d'Ouilly.

Après son décès, sa femme Anna Stefanna Nagy Dupré conserve la boîte Fabergé comme une précieuse relique, celle-ci passant à son tour en héritage à sa sœur en 1977 puis à son neveu, le propriétaire actuel, en 2002.

Note : 1- Dr. Ulla Tillander-Godenhielm spécialiste reconnue internationalement et auteure du livre de référence «The Russian Imperial Award System, 1894-1917» ed. The Finnish Antiquarian Society, Helsinky, 2005