Paolo Morando, dit Cavazzola (Vérone, vers 1486/1488-Vérone 1522), La Vierge, l’Enfantet le petit Saint Jean, signé etdaté 1514, huile sur toile, 79x62,5 cm
Inscriptions :
« A.D.M.D. / . X IIII . / M. O C. » (en haut àgauche, sur la paroi du fond)
« PAULUS . M[ORANDUS]. P[INXIT] (sur le parapet)
« ECCE . AGN. DEI” (sur le phylactère)
Formé dans l’atelier de Francesco Morone et probablementdans celui de Giovan Francesco Caroto, Paolo Morando dit le Cavazzola a étél’une des personnalités artistiques majeures de la peinture à Vérone du premierquart du XVIe siècle. Le style de sa maturité, marqué par la force calibrée descompositions et par une particulière franchise chromatique (voir le retable de la Passion, 1517, autrefois dansl’église de Saint-Bernardin et aujourd’hui au Musée de Castelvecchio à Vérone),s’affranchit des modèles de ses maîtres vers les années 1512-1515.
La Vierge, l’Enfantet le petit saint Jean présentée ici, où s’amalgament des élémentsvénitiens, lombards et toscans, a été considérée à juste titre la piècetournante de son évolution (Ch.Hornig, 1976, p. 98 ; Lodi 2012). Lepeintre reprendra par la suite le même thème avec une veine sentimentale plusaccentuée dans la petite Vierge etl’Enfant (signé et daté 1518) du Musée Poldi Pezzoli à Milan, et dans la Vierge, l’Enfant et l’archange Gabriel(1519) du Museum Städel de Francfort.
Ce tableau, provenant de la collection de Edward Solly (acquise par le roi de Prusse en1821 : Inventaire Solly, n. A 42), faisait partie des biens de la famille royalede Prusse (Generalkatalog der Gemälde inden preussischen Schlösser, I, n.1976) et c’est dans le Château de Berlin qu’il a été remarqué par BernardBerenson (1907). Les œuvres d’art de la famille Hohenzollern ont étéincorporées au Kaiser-Friederich-Museum seulement en partie ; en 1926, 3400 peintures ont été laissées dansles mains de la famille royale et ont été par la suite dispersées (nousremercions la dr.sse FranziskaWindt pour ces informations).
Ce tableau faisait partie de ce lot. Contrairement à ce qui a été écrit dans lalittérature la plus récente (Hornig 1976 ; Lodi 2012), cette toile n’a pasété détruite pendant la Seconde Guerre mondiale ; elle a réapparu dans unevente à Genève en 1980 où elle a été acquise par le propriétaire actuel.
The Art Loss Register, certificat no 11492.3.AE, du 22 août 2018
Bibliographie :
B.Berenson,North Italian Painters of the Renaissance,New York-London 1907, p. 192 (as Cavazzola, sg. dt. 1514, Berlin, Schloss)
[not in Berenson 1932 ; notin Berenson 1968]
T.Borenius, in J.A.Crowe etG.B.Cavalcaselle, A History of Paintingin North Italy, II, London 1912, p, 207 note 4 (as Cavazzola, sg. dt. 1514,„in the collection of the German Emperor at Berlin“)
C.Gamba, ad vocem „Cavazzola, Paolo Moranda“, in U.Thieme et F.Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler,VI, Leipzig 1912, p.230 (as Cavazzola , sg. dt. 1514, „im kgl. Schloss zuBerlin“)
R.Wittkower, Studien zur Geschichte der Malerei in Verona, in „Jahrbuch fürKunstwissenschaft“, 1927, p. 214 n. 5, fig. 19 (Cavazzola, vu vers 1920 dans lesbureaux du Bode-Museum)
A. Venturi, Storia dell’arte italiana, IX/3, Milano1928
Ch.Hornig, Paolo Cavazzola, in Maestridella pittura veronesew, a cura di P.Brugnoli, Verona 1974, pp. 193, 199 (Cavazzola,sg. dt. 1514: “Opere distrutte o disperse”: comme dans Wittkower 1927)
Ch.Hornig, Cavazzola, München 1976, pp. 38, 98 cat. A 8, fig. 8 (Cavazzola,disparu; une recherche dans les châteaux de Doorn et de Amerongen en Hollande, qui avaient appartenu àl’pimpéreur allemand, n’a donné aucun résultat)
S. Lodi, Morando, Paolo, in DizionarioBiografico degli Italiani, 76, Roma 2012 (consulté on line: http://www.treccani.it/enciclopedia/paolo-morando_(Dizionario-Biografico) (Cavazzola, détruit en 1945)
Nous remercions le professeur Mauro Natale pour son assistance dans la rédaction de cette noticeTrès bon état de conservation général
La toile d'origine a été rentoilée au XXe s.
Le châssis est un châssis de restauration à clés bords biseautés avec traverse en croix
Toutefois nous ne décelons aucun dommage majeur ayant motivé le rentoilage
Présence d'une très bonne planéité de l'oeuvre et tension sur son châssis
La couche picturale est très bien conservée
Possible petite intervention à l’intérieur de l’auréole à droite sur 2 cm visible par un léger changement de l'état de surface.
Probables petites retouches minimes sur l'ensemble sous forme de repiquage et de très légers rehauts sous forme de "jus colorés" peu couvrants au niveau des chairs, touchant principalement les ombres (très peu visible) et les contours. Toutefois celles-ci ne sont pas visibles à l'oeil nu ou sous UV.
Ces retouches concernent moins de 2% de la surface totale de l'oeuvre
Quelques lacunes mineures anciennes de la couche picturale, les plus importantes dans le drapé vert au niveau des genoux de la vierge
Présence de quelques traces de griffures/chocs en bas à gauche au niveau du coude de la vierge (voir photos-probablement accidentel, plutôt récent)
La couche picturale présente un réseau de craquelures d'age très fin et discret
Elle est légèrement usée (usure normale liée à l'âge).
Le vernis d'origine a été allégé et est encore présent sous forme de très petites taches brunes visibles dans les anfractuosités de la couche picturale.
Empoussièrement
Vernis de restauration satinée légèrement jauni