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CHF 100 000-150 000.-
CHF 190 000.-
Félix Vallotton (1865-1925), "La Seine à Valvins", 1901, huile sur carton, signée et datée 01, 36x61 cm

Provenance: Succession F. Vallotton, no. 233; Galerie Vallotton, Lausanne, no. 677 "Bord de Seine"; Jean Descoullayes, Lausanne, 1938, puis par héritage jusqu'au descendant actuel (Collection vaudoise)


Bibliographie: Marina Ducrey, Félix Vallotton 1865-1925, L'oeuvre peinte II, catalogue raisonné première partie: 1878-1909, Institut Suisse pour l'étude de l'art, Lausanne, 2005, ill. p. 221

Expositions: Paris, no. 42 "La Seine", 1903; Munich/Dresde, 1910; Winterthour, no. 56, "Bord de la Seine" (décrit à tort comme gouache), 1926; Lausanne/Berne, no. 12/ 15 "Bords de la Seine"; 1927; Zurich, no. 33 "An der Seine", 1928; Genève, no. 17, 1928; Paris, no. 44, 1929; Genève, no. 2, "Bords de la Seine", 1932

« Je rêve d’une peinture dégagée de tout respect littéral de la nature, je voudrais reconstituer des paysages sur le seul secours de l’émotion qu’ils m’ont causée, quelques grandes lignes évocatrices, un ou deux détails, choisis, sans superstition d’exactitude, d’heure ou d’éclairage. »* A partir de 1901, Félix Vallotton élabore un nouveau mode de représentation très moderne du paysage, basé sur des recherches de minimalisme découlant directement de son expérience nabie. Privilégiant les aplats, les grandes lignes simplificatrices, il se dédouanera de toute représentation réaliste en évinçant les informations atmosphériques, de temps et de profondeur dans ses paysages. Ces paysages appartenant à une période de maturité seront baptisés « Paysages composés » et ce mode de représentation ne le quittera plus jusqu’à sa mort. Cette œuvre est un parfait témoignage d'une révolution dans la représentation du paysage chez l’artiste. Datée de 1901, elle s’inscrit parmi les premiers paysages dit «composés». Elle est exécutée à Valvins en bord de Seine, non loin de la forêt de Fontainebleau, lieu emblématique pour tous les artistes de la fin du XIXe siècle. Sa représentation des lieux tend à une recherche de synthèse. Aucun élément ne permet de savoir à quel moment de la journée le paysage a pu être exécuté. Les couleurs sont posées en aplats ne laissant d'importance qu’au trait. Vallotton choisit sans doute volontairement des couleurs diamétralement opposées afin d'accentuer le contraste des motifs qui nous apparaissent alors comme des formes, des figures géométriques, plus que des éléments de paysage. A la manière de ses bois gravés, les contours sont précis et la ligne est un élément essentiel. Seul l'élément de la barrière vient rompre la presque parfaite symétrie et suggère la profondeur. Celle-ci amène une succession de plans et de formes. En s'affranchissant de la réalité visuelle par une synthèse des formes et des couleurs, Vallotton s'inscrit comme un précurseur. En effet, cette démarche n'est pas sans rappeler celle des premiers artistes abstraits à partir de 1910. Restée dans la même famille vaudoise depuis plus de 80 ans, cette œuvre emblématique est totalement inédite sur le marché des enchères. *Marina Ducrey, "Félix Vallotton", ed. Edita, Lausanne, 1989

Compléments d'informations

« Je rêve d’une peinture dégagée de tout respect littéral de la nature, je voudrais reconstituer des paysages sur le seul secours de l’émotion qu’ils m’ont causée, quelques grandes lignes évocatrices, un ou deux détails, choisis, sans superstition d’exactitude, d’heure ou d’éclairage. »*

A partir de 1901, Félix Vallotton élabore un nouveau mode de représentation très moderne du paysage, basé sur des recherches de minimalisme découlant directement de son expérience nabie. Privilégiant les aplats, les grandes lignes simplificatrices, il se dédouanera de toute représentation réaliste en évinçant les informations atmosphériques, de temps et de profondeur dans ses paysages. Ces paysages appartenant à une période de maturité seront baptisés « Paysages composés » et ce mode de représentation ne le quittera plus jusqu’à sa mort.

Cette œuvre est un parfait témoignage de cette « petite révolution » dans la représentation du paysage chez l’artiste. Datée de 1901, elle s’inscrit parmi les premiers paysages dit «composés ». Elle est exécutée à Valvins en bord de Seine, non loin de la forêt de Fontainebleau, lieu emblématique pour tous les artistes de la fin du XIXe siècle.

Sa représentation des lieux tend à une recherche de synthèse. Aucun élément ne permet de savoir à quel moment de la journée le paysage a pu être exécuté. Les couleurs sont posées en aplats ne laissant d'importance qu’au trait. Vallotton choisit sans doute volontairement des couleurs diamétralement opposées sur le cercle chromatique (vert et orange) afin d'accentuer le contraste des motifs qui nous apparaissent alors comme des formes, des figures géométriques, plus que des éléments de paysage. A la manière de ses bois gravés, les contours sont précis et la ligne est un élément essentiel. Seul l'élément de la barrière vient rompre la presque parfaite symétrie et suggère la profondeur. Celle-ci amène une succession de plans et de formes.

En s'affranchissant de la réalité visuelle par une synthèse des formes et des couleurs,
Vallotton s'inscrit comme un précurseur. En effet, cette démarche n'est pas sans rappeler celle des premiers artistes abstraits à partir de 1910.

Restée en collection privée depuis le début du siècle, et dans la même famille depuis les années 30, cette œuvre emblématique est totalement inédite sur le marché des enchères.

*Marina Ducret, "Félix Vallotton", ed.Edita, Lausanne, 1989