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CHF 6 000-8 000.-
CHF 12 000.-
Firmin Massot (1766-1849), Jeune paysanne à la cruche cassée, huile sur toile, 55x73,5 cm
Expertise: Cette oeuvre sera incluse dans le catalogue raisonné de l’oeuvre de Firmin Massot par le Dr Valérie Louzier-Gentaz à paraître

Jeune portraitiste à la fin du XVIIIe siècle, Firmin Massot (1766-1849) s’est intéressé à la peinture de genre mais c’est au cours des années 1825-1835 qu’il expose au Salon à Genève (et aussi à Paris, Lyon et Londres) des oeuvres aux titres évocateurs : Prêtre admonestant une jeune fille (Genève, 1829), Une petite marchande de poissons, Une paysanne orpheline au tombeau de sa mère (Genève, 1832).

A cette même époque à Genève, différents artistes dans l’entourage de Massot, par exemple Joseph Hornung (1792-1870) et Louis-Aimé Grosclaude (1784-1869), s’emparent de sujets similaires. La lecture des livrets d’expositions dès 1823 est à cet égard révélatrice (Jeune bergère près de son chien, Jeune villageoise se faisant dire la bonne aventure, Fileuse à l’intérieur de sa demeure).

Une particularité est cependant à souligner chez Massot, comme chez son élève et amie Amélie Munier-Romilly  (1788-1875) : le sujet de la scène de genre s’accompagne toujours de l’élaboration de véritables portraits en ce qui concerne les figures. Munier-Romilly le révèle volontiers au journal Le Fédéral après l’exposition de son dessin « Les trois mendians (sic) de la Muraz » (Salon de 1832), en soulignant le caractère distinctif de  son oeuvre avec une certaine véhémence car il s’agit là d’un « portrait de famille et de misère frappant de ressemblance, fait sans autre prétention ».

Dans l’oeuvre inédite présentée ici, la jeune femme, l’avant-bras droit appuyé sur sa chevrette en terre vernissée, est peut-être une paysanne du village de Villette, voisine des Massot lorsqu’ils sont en villégiature à Château-Blanc. Nul doute qu’il s’agit là d’un portrait. Le visage juvénile aux joues légèrement rosies, les yeux timidement baissés, les bras aux formes rondes et pleines, le grand tablier blanc noué sur la longue jupe rayée, les chevilles croisées révélant les semelles cloutées des souliers, proposent l’image simple et charmante d’une petite campagnarde genevoise - jusqu’au détail du bec verseur cassé de la cruche à eau, contrebalançant ainsi l’affectation de la pose semi-allongée choisie par le peintre.

Le fond de paysage aux tonalités sombres, parfois rapidement brossé par Massot, emporte l’oeil du spectateur de droite à gauche, du talus rocheux bordé par un cours d’eau au premier plan vers un lointain dont l’horizon évoque le lac et ses rivages.

Bibliographie : www.vlg-expert.ch

NB : L’inscription au pochoir en partie effacée sur le cadre (« SOCé DES AMIS DES BX-ARTS GENEVE 1831 ») ainsi que la plaquette (« J.-L. AGASSE (1767-1849) ») présentent des informations erronées ou sans rapport aucun avec l’oeuvre. La Société des Amis des Beaux-Arts de Genève fondée en 1822 par la Classe des Beaux-Arts de la Société des Arts de Genève a été dissoute en 1830.

Nous remercions le Dr Valérie Louzier-Gentaz pour  la rédaction de cette notice